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 MSN n° 004 du 01/06/93   Revue des Softivores         Editée par MagSoftPub

SYSTEMES EXPERTS & Intelligence Artificielle

 


SYSTEMES EXPERTS, TECHNIQUES DE L'IA

 

L'Intelligence Artificielle (IA) se veut la simulation de l'intel­ligence humaine par des moyens artificiels ou automates : ordinateurs, robots, etc. Les Systèmes Experts (SE) se limitent à l'étude de l'esprit humain en vue de simuler l'intelligence hypothético-déductive, celle qui fait appel à une logique for­melle (modus ponens en particulier). Si l'in­tuition, «saisie immédiate de la vérité sans l'aide du raisonne­ment» sous-entend "sans raisonnement conscient", donc utilisation de macroraisonnement ou Boîte Noire (Cf. MSN N°3, un théorème par ex.), alors les SE y excellent mais l'intuition synonyme de divination irrationnelle en est exclue. Un SE comprend l'aspect matériel  ou automate et l'aspect logiciel ou intelligence formalisée.

 

LA CONCEPTION D'UN SE

 

 

 

La construction d'un SE, (vérification de grammaire par ex.) fait appel à trois compétences pouvant émaner d'un seul individu ou requérant toute une équipe : le Cogniti­cien, l'Expert (ici le Grammairien) et l'Informaticien. Le Cogniticien procède à la formalisation systématique de la connaissance en produisant les modè­les de raisonnement, la structure des règles et faits.

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L'Expert fournit les règles d'inférence : le savoir. Plus tard l'Utilisateur  ou Consultant fournira, l'Automate collectera, les faits qui formeront avec les règles, la base des connaissances disponibles pour traiter le problème. L'Informaticien développe le moteur d'inférence (MI). Se fondant sur une heuristique, le MI, tenant lieu de cerveau, part des faits ou objets pour déterminer les règles à mettre en oeuvre, les déclenche pour résoudre  le problème soumis au système expert.

 

TRACE DU RAISONNEMENT ET LANGAGE NATUREL

 

Un SE peut justifier son raisonnement, permettant ainsi à l'Expert,  au   Chercheur   ou   à  l'Utilisateur   final   d'intervenir éventuellement dans l'inférence. Par exemple, le Chercheur peut compter sur le SE pour 95% des cas standards afin de se consacrer aux 5% les plus délicats. Grâce au traitement symbolique, un SE convivial utilise même le langage naturel.

 

DOMAINES DE PREDILECTION DES SE

 

Le recours aux SE est intéressant dans les problèmes non structurés, lorsqu'il existe une multitude de règles qui conduisent à des conclusions parallèles : une fièvre par exemple est le symptôme de bien de maladies distinctes ; de même lorsque la connaissance est floue ou lorsque l'intuition peut être trompeuse ou fallacieuse (misleading) : une entreprise fortement endettée peut pourtant être viable si elle vient d'inventer un produit miracle (multitude de faits contradictoires pour les règles simples). Les domaines de prédilection des SE sont le Diag­nostic (médical, d'entreprise, étude dossiers de de­mande de crédit, etc), la Recherche opérationnelle  (gestion des réseaux et de files d'attente, [combien de postes installer et quand], chemin critique [le plus économique], ordonnancement [combinaison de plusieurs actions simultanées-parallèles ou séquentielles-sérielles avec des contraintes d'antériorité], processus en temps réel [Pilotage d'un engin sur Mars]),  l'Enseignement et même la Recherche fondamentale sans oublier les Jeux.  Outre la rapidité et la rigueur propres aux machines, un atout d'un SE est qu'il sert à  gérer l'expertise par la formalisation et la  diffusion du savoir-faire (know-how).

 

LES MODELES COGNITIFS

 

Le Cogniticien systématise la connaissance du savant en éliminant les irrationalités ou subjectivités non dé­sirées qui troublent son raisonnement lors de la pratique. Si une faute de grammaire banale subsiste dans un texte, le lecteur indulgent peut se dire que l'auteur n'ignore pas la règle. Le SE mettra toujours en oeuvre toutes les règles en accord avec les faits. Toute la difficulté réside dans le travail de formalisation du cogniticien, difficulté qui révèle les limites actuelles de l'Intelligence humaine. Pour formaliser les règles, le Cogniticien peut utiliser la logique des propositions pures utilisée par les moteurs 0 (si présence symptôme A alors maladie X) ou la logique des propositions  avec variables globales associée aux moteurs 0+ : (si taux de chômage > 20% et inflation < 5% et taux d'utilisation des capacités de production < 60% alors politique applicable = politique keynésienne) Si Age > 10 ans alors Dose à = 3mg/jour) ou plus souple encore, la logique des prédicats inhérents aux moteurs 1 où les règles ne sont instanciées que par les faits : dans la prédicat "La raison du plus fort est toujours la meilleure" le plus fort n'est pas connu a priori.

 

DIFFUSION DE L'EXPERTISE

 

Les Experts étant rares, une fonction du SE est la vulgarisation du savoir. Un SE est en quelque sorte une compilation de plusieurs livres accompagnés de plusieurs savants à portée de main.

 

LANGAGES ORIENTES IA ET PROGRAMMATION

 

Parmi les langages de programmation symbolique orientés IA, figurent LISP (LISt Processing) et PROLOG (PROGrammation LOGique). Leur avantage principal sur les langages procéduraux  et même orientés objets est leur moteur d'inférence, mais on peut écrire un SE dans tous les langages. La programmation des SE est souvent déclarative. Dans la programmation procédurale d'un SE devant faire de la vérification de grammaire par ex., le pro­grammeur doit avoir à sa disposition toutes les règles de grammaire, qu'il câblera sous forme d'instructions, une fois pour toutes dans le logiciel exécutable. Si ces règles venaient à changer parce que les grammai­riens en ont décidé ainsi, une nouvelle version du logiciel devient nécessaire. Dans un SE, les règles sont des données (data) auxquelles l'Utilisateur à accès : il remet à jour lui-même sa grammaire en déclarant simplement les règles nouvelles et supprimant celles qui sont caduques ou désuètes. Cette suppression est possible grâce à l'indépendance des règles entre ellesEn ce sens, les mo­dèles cognitifs sont semblables au mode de formation des humains : l'élève apprend les règles de grammaire à l'école qu'il enrichit ou met à jour dans sa mémoire sans l'intervention de son créateur qui l'a doté d'un moteur d'inférence : son cerveau. Ses limites sont at­tribuables à la capacité de son propre créateur de le doter un cerveau intelligent, ainsi que les limites d'un SE sont déterminées par celle du cogniticien. De même que l'homme n'a pas tous les attributs de la déité, il ne faut pas s'attendre à ce que les automates aient tous ceux de l'humanité. Les langages déclaratifs traitent les données de façon symbolique, comme des objets. L'objet est l'unité manipulée, le SE ne voit pas plus loin. Par exemple un mot est un objet, mais n'a pas de sens dans l'ac­ception humaine.

De même les humains ont une no­tion de sens, mais ne peuvent aller au delà du sens, ... une sorte de hiérarchie de pouvoirs mais aussi de responsabilité entre création et créateur.

 

PRINCIPE D'UN MOTEUR D'INFERENCE (MI)

 

Chaque règle contient dans ses prémisses les conditions de son déclenchement.  Au regard des faits, le MI sélectionne (Filtrage) les règles susceptibles d'être déclenchées  ou ensemble de conflits. Parmi ces candidates, le MI détermine (Résolutions des conflits)  les règles qui seront effectivement mises en oeuvre grâce à un arbitre : la règle de sélection des règles ou MétaRègle comme dans le dilemme humain suivant. Devant le fait "être affamé" et les trois règles suivantes : R1="tu ne voleras point" (code pénal), R2="mendicité interdite" (affichage populaire) et R3="tu ne te laisseras point mourir" (instinct  de  survie),  chaque  être choisit ses priorités ;  de même  l'Expert  devra   fournir   la   métarègle  appropriée.  Heureusement,  les règles en «conflit» dans la réalité ne sont pas souvent exclusives ou contradictoires ; dans ce cas elles sont toutes déclenchées. Le déclenchement d'une règle (Exécution) produit un fait nouveau ; la règle est brûlée i.e. ne sera plus invoquée dans cette session, et le processus recommence (Filtrage) jusqu'à l'épuisement de l'ensemble des conflits...

 

LE PROCESSUS D'APPRENTISSAGE

 

En appliquant une règle, le SE produit une conclusion ou fait nouveau qui enrichit sa base de connaissances et modifie en conséquence son ensemble des conflits (élimination des règles devenues impertinentes et élection de nouvelles). Mais l'apprentissage ne concerne en principe que les faits - pas les règles qui doivent provenir de l'Expert ou du Consultant. Pour contourner cet obstacle, il faut concevoir un modèle cognitif sophistiqué dont les faits  seront dans notre acception des règles.

 

DU RAISONNEMENT A LA REFLEXION

 

Le MI recourt à deux modes opératoires : La déduction ou chaînage avant consiste à déduire des faits nouveaux à partir de faits connus. Ex. : De quelles maladies souffre le client ?  L'induction ou chaînage arrière consiste à vérifier ou infirmer une hypothèse (but à atteindre) formulée par le Consultant. Ex. Souffre-t-il de la maladie X ? L'induction est plus rapide que la déduction puisqu'elle évite de déclencher des règles et de produire d'innombrables  faits "inutiles" ; mais elle requiert un MI plus intelligent en ce sens qu'elle implique la recherche et la tentative de vérification de tous les noeuds en amont (y compris les chaînons manquants mais pouvant être déduits des faits présents dans la base de connaissances) appelés sous-buts permettant de valider le but. La présence de règles: R5="maladie Y implique maladie X" et R4="symptôme A caractérise maladie Y" amène le MI à rechercher la présence de la maladie Y. En l'absence de cette maladie, le MI recherche le symptôme A. Si celui-ci existe dans le dossier du patient (base des faits), le SE découvre le fait "maladie Y" et puis valide l'hypothèse maladie X.  Le chaînage mixte associe induction et déduction.

DES TECHNIQUES SIMPLES MAIS PUISSANTES

Sur le plan technique, le MI fonctionne grâce à des principes relativment simples. La Correspondance, l'Unification, , la Récursivité,  La Coupure permet d'éviter une Remontée (voir ci-dessus) inutile.

 

PERFORMANCES ET COMPLEMENTARITE

 

Si actuellement certains SE ne paraissent pas très performants, il ne fait aucun doute que ceux de demain seront à la hauteur des exigences justifiées des Softivores. Il faut laisser le temps au temps pour développer une nouvelle race de cogniticiens. L'intelligence actuelle de l'Homme ne s'est pas faite en un jour et n'a pas fini de nous surprendre... Les SE n'ont pas pour vocation de remplacer l'Expert ou l'Homme, mais de les aider quand ils sont dans le besoin de se confier à un système plus rapide, plus logique, plus rigoureux, plus fiables et/ou plus savant ou quand l'Expert fait défaut. En réalité, le SE sous-traite certaines parties du problème que lui délègue son Consultant. Dès qu'un savoir est automatisé et démocratisé, il devient inutile à acquérir. Apprendre devient synonyme d'être capable d'interpréter et de dévorer la technologie nouvelle. En cela les  Softivores de MagSoftNews sont hautement privilégiés.

 

DÈS DEMAIN,  DES SE A LA PORTÉE DE TOUS

 

Bientôt, le Softivoreaura à domicile ses systèmes experts, de véritables auxiliaires du cerveaux et de la mémoire, comme il a aujourd'hui ses livres et didacticiels...            

By The Mag

 


 

N.B. Les exemples de cet article, suffisamment rigoureux sur le plan de la technique des SE,   sont purement illustratifs. Ils n'ont pas valeur d'Expertise car, vous le savez maintenant, les Experts (Lecteur, Grammairien, Gestionnaire, Economiste, Sociologue, Philosophe, Juriste, Médecin, Fabuliste, etc) sont rares, d'où le besoin de Systèmes Experts. En conséquence, ces exemples ne peuvent  en  aucun cas  être  sujets  à polémique,  ni faire  l'objet de  référence abusive.

1993 MagSoft     -   Citation avec indication de la source et du  N.B. ci-dessus autorisée    -     Réf. : MagSoftPub 2930601001