MagSoftNews
MSN n°
005 du 01/07/93 Revue des Softivores Editée par MagSoftPub
:
INTRODUCTION AUX FRACTALES
Les fractales existent depuis la nuit des temps,
mais elle n'ont connu de succès que
récemment grâce à
une théorie plus percutante : la théorie du chaos. Depuis l'Antiquité, APOLLONIUS de PERGA mathématicien et astronome Grec
(vers 262-180 avant J.-C.) avait déjà introduit le problème des cercles
fractals. Beaucoup plus tard, pendant la 1ère Guerre Mondiale, Gaston
JULIA et Pierre FATOU ont étudié les
ensembles et courbes de JULIA. Georg
CANTOR a inventé sa poussière, Von-KOCK et PEANO leurs Courbes, SIERPINSKI ses
triangles ou tapis etc, une véritable collection de "monstres"
mathématiques. Mais il aura fallut attendre les années 70 pour que Benoît
MANDELBROT, nous rappelle la nature
fractale de notre univers dans The
fractal geometry of nature, forgeant pour le français, le substantif
féminin fractale(s), et l'adjectif fractal(s) ; pour l'anglais, le nom fractal(s) et l'adjectif fractal.
Contrairement aux concepts de la géométrie
euclidienne, les fractales sont des objets de dimension non entière ou
fractionnaire. Les points, lignes, surface, cônes, cube etc, sont des objets
crées par l'esprit humain ... contrairement à Dame Nature qui préfère des
formes plutôt fragmentées : lignes brisées de l'éclair, ou chemin tortueux des
rivières, surfaces rugueuses de la
terre, montagnes non coniques, icebergs non cubiques etc.
Le succès des fractales repose sur le fait
qu'elles sont générées par des informations initiales extrêmement simples qui,
par une suite infinie d'itérations, reproduisent les éléments de la nature : arbres, feuilles, montagnes,
rivières ou encore mieux, des images
hautement esthétiques. La géométrie fractale serait donc par essence la
"vraie" géométrie de la nature.
La
plupart des fractales présentent une homothétie
interne leur conférant un
aspect scalant (self-similarity) : en
les regardant de près ou de loin on retrouve la même forme, chaque partie
ressemble au tout. Mais il existe aussi des fractales ne présentant apparemment
aucune auto-similarité.
Les fractales "géométriques" sont déterministes et présentent une parfaite symétrie. Mais pour imiter la nature, on introduit un facteur de hasard, générant ainsi des fractales "naturelles" dont la symétrie est moins parfaite : les configurations de la main (paume et doigts ) et du pied (plante et orteils) illustrent ce genre de fractales où les deux objets sans être identiques présentent des similitudes évidentes.
Le
processus de génération de la plupart des fractales est un système dynamique
non linéaire. Ces dynamiques sont connues comme exhibant des comportements
chaotiques. La découverte la plus intéressante est que la zone chaotique
d'un diagramme de bifurcation est
fractale. Dans ce désordre apparaît un ordre, la répétition
infinie de la même fractale. Cet ordre universel, indépendant du processus
choisi, est représenté par la constante de Feigenbaum.
Le numéro 2 de MagSoftNews
introduit la relation Fractales et Chaos.
Cette édition de FRACTALEXPO
1993 consacrée aux Mandelbroïdes,
présente aussi des images fractales des processus chaotiques célèbres :
attracteur "étrange" de LORENZ et diagramme de bifurcation de Feigenbaum, ainsi que d'autres fractales
"naturelles" ...
SECTION 1 : L'ENSEMBLE DE MANDELBROT
Plaque
N° 01 : Vue synoptique de l'Ensemble de Mandelbrot
1.1 - L'information
génératrice
L'Ensemble
de Mandelbrot (noté EM dans cette expo)
est produit par l'itération dans le plan complexe de la fonction dynamique zt+1 = (zt)2 + c , où z0 = 0 et c le nombre complexe
à tester. En coordonnées cartésiennes c
= a + ib, où a est l'abscisse mesurée
sur l'axe réel, b l'ordonnée sur
l'axe imaginaire, i le nombre
imaginaire défini par i2 = -1.
1.2 - Le processus
itératif et le test d'appartenance
A
chaque point c du plan complexe (maillage), on fait subir la transformation de Mandelbrot. A chaque
itération t on fait le test
d'appartenance à l'EM ; deux cas sont possibles :
-
la valeur courante de zt s'échappe de l'origine du plan complexe
z0(0,0) et tend
vers l'infini ; on dit aussi qu'elle est explosive. C'est le cas lorsque |zt|>2 où |zt|
est la norme ou module de zt : |zt|=(a2 + b2). Le point testé
n'appartient pas à l'EM, son attracteur
est l'Infini ;
-
la valeur courante est stable : |zt|2 ; on poursuit l'itération et on refait le test. Si au
bout d'un nombre T relativement grand d'itérations
(par exemple T=100) la valeur finale
est stable, le point initial c appartient à l'EM ; son attracteur est le bassin de Mandelbrot. Souvent, les
points de l'EM sont marqués en noir ;
pour des raisons pratiques d'impression dans cette exposition, les points de
l'EM sont marqués en jaune et
parfois en blanc (pas d'impression) ; cette couleur de l'EM sera désignée
la couleur n° 0 pour la suite de ce texte.
1.3 - Le choix des couleurs et l'esthétique
Pour
un catalogue ou palette de 10 couleurs, les points stables jusqu'à la 90ème
itération mais qui finalement explosent avant
la T=100ème sont très proches de l'EM. On choisit de les marquer de la
couleur n° 1, par exemple le magenta. Les points qui explosent entre la 80ème
et la 90ème itération sont marqués de la couleur n° 2, par exemple le cyan, ...
et les points qui bifurquent vers l'Infini avant la 10ème itération sont
marqués de la couleur n° 10, par exemple le bleu.
Avant d'être des choix esthétiques, les couleurs
représentent donc de l'information, le "moment" auquel le processus
appliqué au point, bifurque vers l'un de ses attracteurs ... Mais les maîtres
de l'art ont réussi à faire adopter les fractales par une combinaison de
palettes les plus sophistiquées en retournant même l'image sous toutes ses
formes et en magnifiant ses confins les plus spectaculaires...
Plaque
N° 02 : Vue en miroir de l'Ensemble de
Mandelbrot
1.4 - Premiers pas : Un
algorithme lisible de l'EM
1.5 -
L'optimisation des programmes fractales
Couramment, un algorithme est dit optimisé lorsqu'il résout le problème de
la manière la plus rapide possible : il s'agit donc de la minimisation du temps
d'exécution. Mais l'optimisation rend la lecture d'un programme plus difficile,
même pour un programmeur averti. En laissant au programmeur les détails
d'optimisation, l'algorithme ci-dessus gagne en lisibilité pour les lecteurs MagSoftNews .
Les programmeurs ont à coeur le problème
d'optimisation, au point où, en programmant en langage évolué (C, Pascal, ou
encore de cinquième génération) , ils n'hésitent pas à sous-traiter une partie de leur code auprès d'un autre langage plus
proche de la machine (en général, l'Assembleur). Pour se rendre compte du caractère crucial de l'optimisation en
termes de fractales il suffit de penser aux milliards d'années que Dame Nature
a dû mettre depuis le Big Bang pour faire le modeste Honnête Homme de la fin du
20ème siècle, le Softivores.
Les "moteurs" qui consomment le plus
de temps sont les boucles, mais aussi
les formules mathématiques "élégantes". Par exemple un processeur
exécute beaucoup plus rapidement l'instruction x=a+a que x=2*a qui pourtant
sont mathématiquement identiques. Comme leurs créateurs humains, les
ordinateurs préfèrent les additions aux multiplications. Dans le même sens, au
lieu de tester |zt|(a2 + b2) = 2 il est plus
judicieux de tester zt2a2+b2=4. On évite ainsi de recourir aux services
inutilement long de la fonction racine carrée ; idem pour les fonctions
circulaires et transcendantales (pourquoi pas fractales ?) chaque fois que l'on
peut utiliser une table de constantes.
En général, l'optimisation dépend
de la connaissance théorique du problème. Par exemple, si nous arrivons à
démontrer qu'une fonction admet un axe de symétrie, les tests se réduisent à la
moitié de son domaine de définition. Encore faut-il connaître ce domaine.
N'oublions pas qu'au début des années 70, les fractales étaient encore des
"monstres mathématiques", i.e. des processus au comportement
excentriques par rapport aux mathématiques établies !
Aujourd'hui, l'EM est relativement si bien connu
qu'il existe des algorithmes optimisés pour le produire "rapidement".
L'un des pioniers dans le domaine de l'optimisation
des fractales est Michael BARNSLEY
avec son Iterative Function System (IFS).
On doit aussi à Rico MARIANI, un
brillant algorithme d'optimisation qui porte son nom !
1.3 - Courte inspection
au coeur de la technologie des fractales... S'abstenir en cas de vertige
mathinformatique
La
finesse de l'image dépend du nombre maximum d'itération T et de la résolution graphique de l'ordinateur.
1.3.1. -
La finesse de l'image
Le
coût de la finesse est le temps à mettre pour la réaliser ; un arbitrage est
alors nécessaire entre finesse et temps.
- Plus T est grand, plus les contours de l'EM sont précis. Théoriquement T+ est la condition nécessaire pour valider
l'appartenance aux frontières de l'EM. Comme un programme non optimisé (voir ci-dessus)
ne connaît pas les frontières, le T sera le même pour tous les points testés.
Un transient d'ordre T est un point
qui passe le test d'appartenance à
l'EM jusqu'à la (T-1)ième itération pour finalement bifurquer vers l'infini à la Tième, d'où la nécessité d'un T très élevé pour valider l'appartenance.
-
En pratique, l'utilisateur fixe T en tenant compte de la puissance de
l'ordinateur (fréquence d'horloge, présence ou non d'un co-processeur
numérique), et surtout de sa propre
patience. A titre indicatif, certains experts
estiment que sur un micro-ordinateur de 16 MHz sans co-processeur mathématique,
avec une carte graphique de 1 Mo, T=512 produit un rendu visuel
« correct » de l’EM.
1.3.2.
Comme la Télé ...
-
Il n'est pas nécessaire de garder allumé, l'écran qui n'est qu'un moniteur de
la carte graphique, un peu comme l'enregistrement une émission de télé sans
afficher les images à l'écran. Avec le multi-tâche (et les pseudo-multitâches)
on peut même exécuter les programmes en processus parallèles ou en arrière plan
(enregistrement d'une chaîne de télé pendant que l'on en regarde d'autres).
1.3.2 -
Point logiques et Points physiques
Les
points logiques sont des points au sens mathématique ; les points physiques
sont des points de l'écran ou plus exactement de la carte graphique qui est
dans l'unité centrale et non dans le moniteur. Sur une carte VGA 640x480 pixels
(picture elements), il y a 307.200
points ou pixels à tester et à représenter.
Plusieurs
modèles de correspondance co-existent avec le modèle canonique de magnification
automatique : quelle que soit la zone du plan fournie par
l'utilisateur, en coordonnées cartésienne représentées par un rectangle sur
l'écran, la nouvelle image remplit tout l'écran.
1.3.3 -
L'ensemble de Mandelbrot en entier
Si l'utilisateur veut voir l'EM en entier, soit le rectangle aux coins Nord-Ouest NO(-2, 1.2) et Sud-Est SE(1.2, -1.2), la correspondance (mapping) consiste à déterminer le pas (step) ou incrément sur l'axe des abscisses tel que l'étendue (range) de X soit égale à 640 : X_pas = [1.2 - (-2)] 640 = 0.005. De même pour l'axe des ordonnées Y_pas = [1.2 - ( -1.2)] 480 = 0.005. Les point logiques sont ainsi déterminés par incrémentation de 0.005 sur chaque axe à partir du coin Nord-Ouest vers le coin Sud-Est par une double boucle.
1.3.4 - La
magnification automatique
Si
l'utilisateur s'intéresse à la portion du plan aux coordonnées NO(-2, 0.9) et
SE(-1.6, -0.9) les pas deviennent plus petit : X_pas = [-1.6 -(-2)] 640 = 0.000625. et
Y_pas = [0.9 -(-0.9)] 480 = 0.00375, de
telle sorte que le nombre de points logiques est toujours égal au nombre de
pixels. En conséquence la petite zone du plan initial couvre maintenant
tout l'écran comme un bout du texte recouvre la vue d'une loupe (magnifying
glass) : c'est aussi simple que cela l’art de la magnification.
1.4 Terminologie des
Mandelbroïdes
- Bassin attracteur fini
cardioïde
: le grand ensemble en forme de coeur ou de gingembre. L'autre attracteur est
l'Infini. L’EM comporte un nombre infini de cardioïdes.
-
Bourgeons ou Bébés ou Naines : les
petits ensembles cardioïdes ayant un
lien évident avec le grand bassin.
-
Satellites : les petits ensembles
n'ayant pas un lien évident avec le
grand bassin. Il est suggéré qu'ils sont en fait reliés au noyau grâce par des filaments invisibles à cause du degré
de magnification très élevé requis pour les voir.
Exemple
de : (-1.78599 ; 0.045129) à (-1.72840,-0.03111)
-
Filaments, la ligne pseudo-invisible (Cf. ci-dessus) entre la
mère et l'enfant, une sorte de cordon ombilical...
- Lignes
équipotentielles
: les contours du bassin attracteur (Voir ci-dessous dans l'analyse spectrale).
-
Mandelbroïde : Tout ensemble de la
forme de l'EM dont l'information génératrice peut être légèrement différente. Par ex
zt+1 = (zt)3 + c au lieu de "au
carré" pour l'original EM.
- Transient
d'ordre T (voir
1.3.1 c-avant)
Plaque
N° 03: Vue "spectrale" de l'Ensemble de Mandelbrot
Section 2 - L'art de la magnification
Le propre des fractales mathématiques est de
contenir une structure qui se reproduit infiniment en elle-même à des échelles de plus en plus petites ou de
plus en plus grandes. Ces objets fractals sont scalants et invariants d'échelle
: ils ont le même aspect quelque soit leur grossissement.
2.1 Exploration des
coins et recoins fractals
Plaque
N° 04 : Toujours le même ensemble, à
l'infini !
(Self-similarity... objets scalants)
Plaque
N° 05 : 1er Voyage aux confins de
l'espace fractal :
Il n'y a pas de fin, l'infini
est dans le fini !
Plaque
N° 06 : Vue télescopique de L'Empire
du Dragon...
Plaque
N° 07 : Dragons ou Hippocampes (Sea-horses)
?
2.2 - A la recherche de satellites perdus ou
inconnus
Plaque
N° 08 : Ici Module MSN005 d'exploration
des confins de l'univers de Mandelbrot
- Apercevons Satellite Mx-1.8. A
vous !
Plaque
N° 09 : Arrivés à Mx-1.8. Encore de nouveaux Satellites surréalistes en vue.
Approchons dangereusement "ligne
de l'Univers" où se produit bifurcation vers l'Infini (risque de non
retour). Retournons à la base EM. Stop et Fin.
Section
3 : La famille des Mandelbroïdes
3.1 Les ensembles de
Julia
Les
ensembles de Julia (EJ) sont construits avec une technique similaire à celle
de l'ensemble de Mandelbrot. En fait, à chaque frontière de l'EM se dessine un
EJ. MANDELBROT aurait découvert ou inventé son propre ensemble en expertisant
les "monstres" mathématiques, dont les ensembles de Julia !
Plaque N° 10 : Une version très Mandelbroïde de
l'Ensemble de Julia
Plaque N° 11 Un ensemble de Julia dragonoïde !
3.2
D'autres Mandelbroïdes
PLAQUE N° 12 : Doublet Mandelbroïde - L'union de
ces deux êtres a profondément transformé leur coeurs !
Plaque
N° 13 : Appréciez ces Mandelbroïdes à
la Newton
SECTION 4 : FRACTALES ET
CHAOS
Les
phénomènes chaotiques ont aussi un aspect fractal mis en évidence par le
diagramme de bifurcation de Feigenbaum, l'attracteur étrange de Lorenz, le map
de Martin, etc.
Plaque
N° 14 : Images introductives aux fractales et au chaos
Extraites de MagSoftNews
N° 2
Plaque N° 15 : Le
Diagramme fractal de bifurcation de l'Equation Logistique : Pt+1=r*Pt(1-Pt)
Plaque
N° 16 : Le célèbre attracteur "étrange" de Lorenz : La trajectoire du
système s'enroule à l'infini dans cet
espace fini sans que jamais les
points ne se croisent ... Étrange
non ? La raison devient simple quand on se souvient que les fractales
sont de dimension non entière. Or entre deux nombres, aussi proches soient-ils,
il est toujours possible d'insérer un troisième nombre et ainsi de suite. On
retrouve ainsi les Poussières de Cantor
Plaque N° 17 : Poussière
de Cantor... Une fractale pour expliquer l'étrangeté des attracteurs fractals
SECTION 5 : D'AUTRES
OBJETS FRACTALS
La
puissance des fractales est réside dans leur aptitude à produire des objets
complexes à partir d'une information extrêmement simple. Des codes génétiques appropriés et très
concis,
permettent de reproduire les éléments de la nature : arbres, feuilles,
montagnes, rivières, etc.
Plaque
N° 18 : Paysage fractal. Pas évident
pour tous !
Plaque
N° 19 : Arbres fractals : on ne peut pas se tromper !
Plaque
N° 20 : Organisme vivant .. une cellule
bionique ?
Plaque
21 : Un coeur fractal émettant des
ondes d'amour
CONCLUSION
: A quoi servent les fractales ?
Pour le moment, les fractales sont appréciées du
grand public pour la beauté des images produites. Pour la communauté
scientifique les fractales sont liées
aux systèmes dynamiques non linéaires, à la
science naissante du chaos. Elles constituent la nouvelle géométrie ainsi qu'un des fondements du nouveau paradigme de la science. Etant
donné qu'un code relativement simple produit des systèmes complexes, la
recherche appliquée s'oriente vers la formalisation des codes générateurs à la
base de la Nature, de l'Univers, de la
de Vie, des Institutions.... Aujourd'hui,
la plupart des codes sont implémentés
dans un ordinateur en attendant peut-être un environnement ... plus naturel. MagSoftNews sera toujours au rendez-vous pour
informer les Softivores des nouvelles avancées
de la science dans cet univers fractal.
Supplément : L'affiche
de FractalExpo
1993
By The Mag. University of Geneva, July 1993
1993 MagSoft - Citation avec indication de la source autorisée sans
formalité - Réf. : MagSoftPub
2930701001
MagSoftNews
MSN n°
002 du 01/03/93 Revue des Softivores Editée par MagSoftPub
FRACTALES & CHAOS, Une Introduction
LES
PRÉCURSEURS
Les fractales existent depuis la nuit
des temps, mais elle n'ont connu de
succès que récemment
grâce à une théorie plus percutante : la
théorie du chaos. Il y a longtemps, APOLLONIUS, JULIA FATOU, CANTOR, KOCK, SIERPINSKI nous ont
offert une collection de monstres mathématiques. Mais pour propulser les
fractales, il aura fallut que, contre EUCLIDE, Benoît MANDELBROT nous rappelle la nature fractale de notre
univers : les nuages ne sont pas des
sphères, les montagnes ne sont
pas des cônes, les lignes des cotes ne sont pas des cercles, les écorces
des arbres ne sont pas
lisses, et l'éclair non plus, ne se déplace selon
une ligne droite
[The fractal geometry of nature].
IMAGES
FRACTALES, le simple produit le complexe
Le propre des fractales est de contenir une
structure souvent simple qui se reproduit infiniment en elle-même à des échelles différentes. Leur succès
repose sur le fait qu'elles sont générées par des informations initiales
simples qui, par une suite infinie d'itérations, reproduisent les éléments de la nature : arbres,
feuilles, montagnes, rivières ou encore
mieux, des images hautement esthétiques.
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L'ÉQUATION LOGISTIQUE,
Modèle de l'Écologie
Pour
simuler l'évolution d'une population dans des conditions malthusiennes, les écologistes
représentés par Robert MAY ont formulé et étudié la célèbre équation
logistique : Pt+1=r*Pt(1-Pt) , où : Pt est
la Population actuelle normée, soit en fait un taux d'occupation de l'environnement
Pt+1
: est la Population normée de l'instant
suivant ; 1 : la nome, la
population maximum possible dans les contraintes définies ; (1-Pt) est alors l'espace
libre pour naître et vivre, le potentiel biotique ; (1-Pt) induit
donc un feed-back dans le processus ; r est le paramètre de contrôle ou
taux de croissance ou de fécondité etc. L'équilibre à long terme de ce beau
petit monde (ou modèle mathématique) dépend de P0 : la population initiale et du paramètre
de contrôle r.
LA ROUTE DE DOUBLEMENT DE PÉRIODE VERS LE CHAOS
En étudiant les valeurs d'équilibre des systèmes
dynamiques comme l'équation logistique, on constate que :
- Tant que (r<b1) un léger accroissement de r
entraîne une hausse de la valeur d'équilibre de la population. C'est ce qui était
généralement admis.
- La première bifurcation a lieu à r=b1. Quand
(b1<r<b2), la valeur d'équilibre oscille entre deux valeurs pour prendre
alternativement l'une et l'autre. Quand (b2<r<b3), quatre valeurs
d'équilibre sont alors possibles. René THOM a exprimé les bifurcations en
termes de Théorie des catastrophes.
- Au-delà de r=b3, le système peut prendre un
grand nombre de valeurs d'équilibre exhibant brusquement un comportement apparemment imprévisible, chaotique. Cette cascade de bifurcations est dénommée
"la route vers le chaos".
En fait, le nombre de valeurs d'équilibre entre
la (i)ème et la (i+1)ème bifurcation n’est rien d’autre que 2(i+1).
Entre seulement la 8ième et la 9ième bifurcation, il y a
29 soit deux milliards d’équilibres qui s’alternent, créant l’illusion
du désordre, le chaos !
L'ORDRE ÉMERGE DU CHAOS
La théorie du chaos n'est pas comme son nom
peut laisser croire une théorie de
désordre, ni une théorie pessimiste. Au contraire, elle montre que dans la zone
où le phénomène a un comportement chaotique, en regardant de près, en mettant la loupe
ou le microscope on y retrouve le même motif
[pattern] exhibé par le
processus. La zone chaotique est fractale. Dans ce
désordre apparaît un ordre
absolu, la répétition infinie de la même fractale. Sur le graphique
apparaît grâce à la magnification
une fenêtre dans le chaos semblable à celle séparant les deux branches après b1 . Selon Ilya PRIGOGINE, le chaos et
les processus dissipatifs loin de l'équilibre seraient indispensables à la vie.
UN DÉSORDRE A UN RYTHME ORDONNÉ
Un chaos réellement aléatoire serait sans
utilité pour la Science et les prévisions. Edward LORENZ, le pionnier, était météorologue. Heureusement, Mitchell FEIGENBAUM
a découvert que le désordre se produit à un taux ordonné qui est devenu sa
constante F (voir sur le diagramme
de bifurcation). Ainsi on peut prévoir le "moment" exact ou plutôt la valeur critique du
paramètre de contrôle où a lieu chaque bifurcation, car les systèmes paraboliques non-linéaires bifurcatifs obéissent à la
constante de Feigenbaum F =
4,6692016090... Comme quoi,
l'univers recèle bien des
chiffres transcendants, les clés de la
géométrie, comme p (rapport
constant entre la circonférence et le
diamètre de tout cercle) et e (le
nombre d'Euler, le même qui est immortalisé
sur le billet de 10 Francs suisses) dont
la découverte permet aux êtres
humains de lui arracher de plus en plus de ses secrets...
VERS UNE NOUVELLE SCIENCE ou un nouveau paradigme de la
science
Les fractales et la théorie du Chaos, en élargissant le champ de la géométrie vers davantage de
réalité ont suscité beaucoup d'espoir (et quelques
succès déjà) dans tous les domaines dont la météorologie, l'écologie, la
biologie, la cardiologie, la biochimie, la physique, l'astronomie, l'économie, etc. Partout, les chercheurs tentent de retrouver les processus
fractals-chaotiques qui seraient à la base de l'Univers, de la de Vie, de la dynamique des Institutions, des cours sur les marchés
financiers.
L'ENJEU FRACTAL
Si on sait que la connaissance de telles lois
pourrait permettre de fonder un nouveau paradigme de La Science en
même temps que faire gagner, ceteris paribus, de
sommes faramineuses aux premiers
ou aux meilleurs, on comprend pourquoi
cette science numérique alliant les mathématiques (outil universel de modélisation), et
l'informatique (outil permettant de simuler in electro en quelques secondes, ce que Dame Nature mettrait des
années ou des millénaires à accomplir), ne
laisse indifférents ni
les savants soucieux
d'aider le monde,
ou en quête de
gloire (en témoigne la bataille
chaotique des fondateurs entre eux pour se faire reconnaître et/ou pour
tenter de diminuer la valeur des recherches leurs concurrents), encore moins
les jokers de la finance nouvelle...
By The Mag. University of Geneva, March 1993
1993 MagSoft - Citation avec indication de la source autorisée sans
formalité - Réf. : MagSoftPub
2930301001